Résumé :
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Au début des années soixante, j'ai connu dans le sud de la France un homme qui peignait des paons. Rien que des paons. Quand on lui demandait pourquoi il ne changeait pas de motif, il disait que le corps des jeunes filles offre moins de diversité que le paon qui fait la roue. Je ne sais si cet argument est recevable ou si le peintre, irrité par une question qui revenait continuellement, s'en débarrassait par une pirouette. Ce qui est sûr, c'est que rien ne l'intéressa davantage que de rivaliser, pinceaux en main, avec le chatoiement insensé de la Création. Ainsi porta-t-il l'art de peindre les paons à un degré de perfection qui n'avait pas été atteint avant lui. Maintenant qu'il est mort, on dit qu'il a été le premier peintre de paons au monde et on lui prépare une place dans les musées. On l'appelle le Maître des paons.
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