Résumé :
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Voici le livre de l'amour et de la guerre. La guerre ravage le pays. Le soleil martèle la terre. Une voix de femme s'élève et une vocifération la coupe : les chroniques clament la geste des massacres accomplis au nom du Droit par le maître, l'homme-roi, qui toujours choisit le langage des armes. La voix renaît des cendres, voix de terre brûlée, mince filet de mots qui sourd du corps comme pour laver la meurtrissure d'un viol, d'un meurtre. De cette blessure d'être une sensivité, une sensibilité, un corps, une angoisse, une femme, ce peu de chair douce négligeable dans une société de rentabilité et de pouvoir, naît la parole qui, fil à fil, reprend l'infini et minutieux tissage de la vie. De cet amour écrasé reste l'Enfant, pour recevoir le lait des mots.
Parler au féminin, c'est lécher doucement la chair des choses et des corps, c'est faire se lever comme une brume l'odeur du monde ; alors revient le souvenir de l'homme qui, avant de devenir le Soleil brûleur de Terre, était au corps de cette réponse de la vie à la vie, ce primaire désir que la femme sent en elle. Alors vient cet appel vital, cette urgence de retrouver l'amour qui ne sépare plus du corps, le corps, et qui ne divise plus, et qui ne rejette plus ; alors viennent ces vibrations biologiques qui commencent le langage d'une libération où la vie, la matière, la chair commune à l'homme et à la femme, parle, se donne…
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